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Pourquoi s’attacher à l’étude d’un tel phénomène ?

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Il me semble important voire primordial que tout chercheur doit faire une pause réflexive, à un moment donné de sa recherche et se poser la question suivante : pourquoi je m’attache à l’étude d’un tel phénomène ? Je me pose cette question actuellement, au moment du choix et de la clôture de mon corpus de thèse (sur le blogging scientifique en science humaines et sociales), au moment de la définition des catégories d’analyse en fonction de mes objectifs et hypothèses de travail.

Pourquoi le blogging scientifique ?

Tout a commencé en octobre 2011, quand je me suis rendu au séminaire de Master 2/ Doctorat de Marie-Anne PAVEAU, Théories du texte et du discours 1 – Les formes du discours. Théories, méthodes, corpus : du syntagme à l’hypertexte (consultable ici http://parolesencours.wordpress.com/analyse-du-discours-l3/2011-2012-ttd-semestre-1/ ). A ma grande surprise, j’ai découvert une nouvelle façon de faire de la linguistique : une linguistique symétrique qui prend en compte l’environnement et l’écologie du discours (et ça continue cette année aussi). J’ai découvert aussi plusieurs nouvelles formes textuelles et discursives numériques, quelques « terrains » d’internet. Parmi ces terrains, les blogs scientifiques. Le premier blog que j’ai découvert sur la plateforme des blogs scientifiques en sciences humaines et sociales fut celui de Marie-Anne PAVEAU, la pensée du discours… une mine d’or pour les linguistes et discursivistes ou les analystes de discours (mais malheureusement, je ne peux pas étudier ce blog dans le cadre de ma thèse, billet à venir sur mon blog).

A l’époque, je pense que les carnets de recherche sur hypothèses ne dépassaient pas les 200 carnets. Depuis ce chiffre a triplé, voire quadruplé. J’ai créé mon propre carnet de recherche pour mieux comprendre ce nouveau genre du discours scientifique, ses avantages et ses contraintes. Ces contraintes préocupent d’ailleurs pas mal de chercheur/bloggueur, comme le montre le tweet de Mareike König dans le cadre du ThatCamp de Saint Malo qui a eu lieu la semaine passée :

 

Au-delà des problématiques que pose le blogging scientifiques, il y a tout un tas de choses à décrire et à analyser discursivement : préférences thématiques, positionnement de l’énonciateur, choix des stratégies discursives…etc., notamment la question de la norme scientifique et du genre du discours. En effet, dans une recherche portant sur l’analyse d’un nouveau genre de discours numérique, il ne suffit pas de quantifier des observables linguistiques voire des formes discursives. Il faut rendre compte de la complexité technique et sociale d’une pratique.

 

Qu’analyse-t-on en discours ?

Une fois les problématique d’une recherche sont posées, les objectifs déterminés, il convient de s’intérroger sur la ou les méthodes à suivre pour infimer ou confirmer les hypothèses de départ, sur le type de méthodologie à suivre.  Maingueneau dans son article intitulé « Ce que les analystes de discours cherchent » distingue trop groupes d’analystes de discours ou de discursivistes tout en reconnaissant qu’un chercheur peut basculer d’un groupe à un autre selon les situations :

- Ceux dont l’approche est celle des questionnements paraphilosophiques : ils s’intéressent aux questions de différence de sexualité, de subjectivité…

- Ceux qui adoptent des méthodes qualitatives pour l’étude des sciences humaines et sociales : ils s’intéressent au l’analyse de contenu pour révéler des réalités

- Et un troisième groupe qui se distingue des deux précédents en articulant conceptualisation et études empriques en faisant appel à la linguistique et aux sciences du langage en général.

Un seul et unique corpus peut donc être analyser de différentes manières, suivant l’approche adoptée par le chercheur. Cette approche va certainement influencer la manière dont le chercheur construit son corpus, ce que Jacques Guilhaumou appelle « processus de co-construction » et dans lequel le chercheur intervient avec ses choix et ses méthodes. « … un processus de co-construction des corpus où la question de l’articulation du discours et du métadiscours constitue une dynamique interne à la formation de nouveaux corpus. » [1]. Aussi, les choix du chercheur sont-ils toujours objectifs ? Sur quels critères le chercheur doit se baser pour délimiter les frontières de son corpus, sa nature (hétérogène ou homogène, clos ou ouvert…etc.) ?

La notion de corpus est primordiale en analyse du discours, car c’est le corpus qui permet d’effectuer une étude à l’aide de catégories issues de la linguistique et de l’analyse du discours pour répondre à des questionnements qui ne peuvent par ailleurs être formulées que dans la pluridisciplinarité. Il n’y a donc pas de bon corpus a priori, mais des corpus cohérents ou non avec des hypothèses et des problématiques.[2]

Je dirais même qu’il y a des corpus adaptés à des hypothèses ou à des problématiques. La constitution d’un corpus n’est pas un processus qui s’effectue en un claquement de doigts mais un travail de longue haleine dans lequel le chercheur fait souvent des allers-retours entre théorie et méthodologie, entre questionnements et premiers résultats. Souvent, le chercheur se voit dans l’obligation de reconstituer son corpus, l’adapter aux nouveaux changements, lui ajouter de nouvelles catégories…

 

De la réflexivité des corpus dans l’analyse du discours

Alors bien sûr, les corpus numériques de grande taille ont permis une certaine réfléxivité du discours. Une réflexivité qui se traduit par la coprésence dans un même espace « numérique » du texte et son contexte, des données de recherche et le point de vue du chercheur sur ces données, comme Jacques Gilhaumou l’explique :

La réflexivité du discours, thème désormais majeur de l’analyse de discours, a ouvert la voie au corpus réflexif non seulement sous la forme du « très grand corpus » où texte et contexte se retrouvent dans un même espace construit, mais aussi sous la forme de corpus co-construits à l’intérieur desquels le point de vue du chercheur est l’une des données majeures de la construction de ces corpus.[3]

 

Reconnaître son intérêt ou son penchant envers son corpus de travail est déjà un premier pas vers l’objectivation de son étude. Maingueneau soulgine « Le seul fait de s’intéresser à tel ou tel corpus est inévitablement un acte de positionnement, l’affirmation d’une importance. Les choix qu’opèrent les chercheurs sont nécessairement liés à des intérêts d’ordres très divers » [4]. Ainsi, en optant pour les blogs scientifiques en sciences humaines et sociales, je pense que d’une façon inconsciente, je cherche à déterminer et à prouver la place de cette pratique intellectuelle… voir peut-être à militer à la faveur de ce qu’on appelle aujourd’hui la science ouvert ou bien l’open acces.

Pour citer ce billet : Zineddine, A., 2013. Pourquoi s’attacher à l’étude d’un tel phénomène ? Espaces Réflexifs. Available at: http://reflexivites.hypotheses.org/5202 [Consulté le …].


[1] Jacques Guilhaumou, 2002, « Le corpus en analyse de discours : perspective historique », Corpus [En ligne],1 | mis en ligne le 15 décembre 2003, consulté le 17 mars 2013. URL : http://corpus.revues.org/8

[2] Krieg-Planque, A. & Bonnafous, S., 2013. L’analyse du discours. Dans Stéphane O LIVESI dir., Sciences de l’information et de la communication. Objets, savoirs, discipline. Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, coll. La communication en plus, 302 p.; pp. 223-238.

[3] Jacques Guilhaumou, Ibid.

[4] Dominique Maingueneau, 2012, « Que cherchent les analystes du discours ? », Argumentation et Analyse du Discours [En ligne], 9 | mis en ligne le 15 octobre 2012, Consulté le 01 octobre 2013. URL : http://aad.revues.org/1354

 

 


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